L’île d’Eubée – Εύβοια

Eubée (en grec Évvia) est la deuxième plus grande île grecque après la Crète avec ses 4167 km2. Située en mer Égée et faisant face à l’Attique et à la Béotie, elle est séparée du continent par le détroit de l’Euripe, et, grâce au pont de Chalcis, Eubée prend des airs de presque-île facilement accessible par la route.

Le nom d’Eubée date, comme presque tout en Grèce, de l’Antiquité et son étymologie renvoie aux notions de « bon » et de « bétail ». L’île a été appelée Ellopieen, mais aussi Aonie, ou encore Abantis (en hommage aux Abantes). Elle a souvent été désignée par le nom de sa ville principale, Chalcis. À partir du Moyen Âge, le nom couramment utilisé pour la ville et l’île est Égripos, hérité du nom du canal de l’Euripe, traduit en latin par Négrepont.

Cette tempête toponymique dans la dénomination de l’île n’est que indice révélateur de la forte personnalité de l’île et des courants de l’humanité qui l’ont habitée au fil des siècles. Bien des mythes eubéens sont liés à l’activité volcanique, discrète, mais toujours potentielle sur l’île. On perpétue l’histoire des Titans et des Géants et, souvent, les secousses telluriques furent attribuées par les anciens aux combats de ces héros mythologiques. D’autres mythes encore sont liés à Zeus et à ses nombreuses amours.

Aristée, un des fils d’Apollon, a enseigné aux hommes l’art d’élever les troupeaux et les abeilles et de presser de l’huile d’olive. Cette part de la mythologie renseigne déjà sur la richesse agricole passée et présente de l’île. Homère, a qualifié les fils d’Eubée d’hommes « respirant la fureur », « impétueux, à cheveux longs sur la nuque, et guerriers ardents » pour leur apport décisif à la guerre de Troie.

La richesse minière et agricole d’Eubée a suscité bien des convoitises, sources de conflits dans l’histoire ancienne. La position stratégique de l’île a toujours été déterminante et les inventions défensives furent nombreuses, comme la première armure de bronze, pour ne citer que cette innovation militaire. Occupée, colonisée, conquise et libérée, sous domination vénitienne, byzantine, normande ou ottomane, Eubée porte en elle la richesse des brassages de populations qui, encore aujourd’hui, déterminent une richesse humaine unique en Grèce.

Sur le plan religieux, Eubée est un cas particulier puisqu’elle eut très tôt un évêque, installé à Chalcis dépendant d’abord du métropolite de Corinthe avant de devenir suffragant d’Athènes. De nombreux monastères, couvents et édifices religieux constituent un réservoir inépuisable de visites, randonnées et découvertes de richesses architecturales et culturelles.

La côte orientale alterne entre longues plages et falaises escarpées. L’ensemble offre des vues époustouflantes sur des montagnes parsemées de villages et de monastères. Ces vues de l’île sont impressionnantes lorsqu’on pratique une navigation côtière le long des rivages d’Eubée. Dans ces circonstances, un caïque, bateau de bois, encore utilisé aujourd’hui par les pêcheurs, sera votre meilleur allié sur les flots. Il sera possible de partir à la découverte de quelques anses et plages parmi les plus secrètes où la frontière entre l’air et l’eau semble se confondre dans une symphonie de turquoise et de bleu unis par la même transparence.

En abordant l’archipel de Petalis, vous éprouverez peut-être le même sentiment de bien-être que doivent ressentir ses propriétaires. En débarquant, vous pourrez suivre des chemins qui vous conduiront vers l’intérieur de l’île et penser un moment que vous êtes les premiers à fouler ce sol béni des dieux.

Eubée est divisée en trois grands secteurs naturels et géologiques. Le sud est un massif cristallin métamorphique qui inclut les Cyclades et la pointe sud de l’Attique. Le centre est karstique, comme l’ensemble de l’Attique et la Béotie et tout l’est du Péloponnèse. Le nord de l’île est constitué de flysch lié au mouvement tectonique du plissement alpin. Chacune des ces trois zones géologiques est divisée entre un massif montagneux central et des plaines littorales. Les amateurs de nature trouveront un terrain de découverte et d’intérêt dont la diversité et la richesse promettent de longues et instructives explorations entre la face ouest verdoyante et la face est au climat nettement plus sec.

Faune et flore sont restées d’une richesse inégalée dans toute le Grèce. Il est, dès lors évident, qu’Eubée, bien qu’elle soit une île, s’aborde comme un continent où le territoire est marqué par une répartition géographique très franche entre zones arides, boisées, marines, montagneuses ou agricoles. Alors, le choix ne manque pas pour y passer un séjour ou s’y établir.

Où qu’on soit, Eubée a toujours une surprise à vous offrir. Vivre à Eubée, c’est un peu vivre au jardin d’Eden à quelques encablures d’Athènes.